Cultures et Plantations

Tout savoir sur le poirier

Le 23 août 2024

Tout savoir sur le poirier

Le poirier réussit partout en France, bien qu’il préfère les régions moyennes, à climat tempéré. Vous souhaitez tout savoir sur le poirier ?

Il donne les meilleurs résultats en sol silico-argileux, profond, fertile et suffisamment frais mais perméable. Les terres très sableuses ou très argileuses et surtout calcaires lui sont défavorables : un pourcentage de calcaire actif supérieur à 8% (cognassier) ou 10% (franc) provoque la chlorose du feuillage et entraîne le dépérissement des arbres.

Porte-greffes annuels

Poirier franc : Sa grande vigueur lui permet de constituer des arbres de plein vent, prenant un développement important et vivant très vieux, mais ceux-ci sont généralement trop encombrants pour le jardin de surface limitée. Vous ne l’adopterez donc, à la rigueur, dans ce cas, qu’en sol sec, peu fertile, mais profond et pour les variétés de faible végétation. Mise à fruit tardive, commençant vers 8 à 10 ans.

Cognassier : Sa puissance végétative nettement moindre le fait utiliser pour toutes les formes à petit ou moyen développement, suivant la vigueur des variétés. Il en existe plusieurs races, les cognassiers d’Angers et de Provence étant les plus répandus. Le second, plus résistant à la sécheresse et un peu plus tolérant au calcaire, est de plus en plus adopté. Les arbres greffés sur cognassier commencent à reproduire dès 4 ans et leurs fruits sont plus gros et de meilleure qualité que sur Franc.

Formes conseillées

Pour les grands espaces : Haute tige ou, mieux, demi-tige greffée sur franc. Début de formation de la tête en gobelet, puis élagages réguliers. Espacement 8 à 10 m.

Pour les surfaces limitées (arbres greffés sur cognassier) : Forme libre, fuseau plus ou moins ample suivant vigueur de la variété et fertilité du sol. Espacement 2 à 3 m sur le rang. 3,50 m à 4 m entre les lignes.

Pour espaliers : U simple (variétés peu vigoureuses), U double ou palmette Verrier à 4 branches. Écart entre charpentières : 30 cm. Espacement 1,20 m. Cordon Ferragutti : espacement 1,20 m à 1,50 m.

Pour contre-espaliers : Mêmes formes, plus cordons arqués Lepage (1 m à 1,50 m sur le rang, 2,50 m à 3 m entre les lignes) ; croisillon (80 cm à 1 m sur 2,50 m à 3 m).

Taille de formation

Ne taillez les poiriers pour la première fois que l’année suivant celle de leur plantation. Veillez à allonger très progressivement les branches pour obtenir une garniture régulière de coursonnes (15 par mètre linéaire environ).

Contrairement à ceux du pêcher, les yeux à bois du poirier ne s’annulent pas après la première année : vous pouvez à tout moment “revenir” sur une taille antérieure, même sur du bois âgé de plusieurs années (particulièrement aux points où l’écorce est ridée, sur l’empattement des branches) et obtenir le départ de nouvelles pousses.

Principes de la taille trigemme

Le rameau à bois est taillé à 3 yeux, A. B. C. les deux supérieurs se développent “à bois”, émettant chacun une pousse qui est pincée à 5 feuilles au cours de l’été. L’œil de base, au contraire, reçoit moins de sève et se transforme en dard dans le même temps.

L’hiver suivant, la seconde taille consiste à supprimer le rameau C (le plus éloigné de la charpentière) et à tailler la ramification à deux yeux. Le rameau devenu coursonne (branche composée) comporte donc ces 2 yeux et le dard de base, soit 3 productions comme au départ.

Les deux yeux 1 et 2 évoluent au cours de l’été : le terminal, qui reçoit le plus de sève, part à bois à son tour ; l’œil, moins favorisé, se transforme en dard (il pourrait également donner une pousse lui aussi), tandis que A achève son évolution en bouton à fleurs.

Au cours du troisième  hiver, il ne reste plus qu’à rabattre la coursonne au-dessus de ce bouton, afin de concentrer toute la sève sur lui : il fleurira au printemps suivant et produira des fruits en été.

A la place de ces poires, vous trouverez la bourse à laquelle elles étaient attachées. Les dards ou brindilles qui naîtront sur cet organe évolueront “à fruit” de façon automatique.

D’autres éventualités

Ce cas typique de taille trigemme ne se résout pas toujours de cette façon idéale : la transformation de l’œil de base en bouton à fleurs peut, par exemple, demander une ou plusieurs années de plus.

Suivant la quantité de sève qu’ils reçoivent, les 3 yeux peuvent aussi évoluer de façon différente : si cette quantité est faible, les 2 yeux de base A et B peuvent se transformer en dards dès le premier été et C donner seulement une brindille : l’évolution “à fruit” d’une telle production est pratiquement assurée, étant donné le peu de vigueur de l’ensemble. Il suffit de raccourcir légèrement la brindille ou même de la laisser intacte, pour obtenir la transformation des dards en boutons.

Par contre, la taille peut avoir été trop courte pour la vigueur de la coursonne. Dans ce cas, les 3 yeux partent “à bois” et aucun progrès n’est fait vers la mise à fruit.

Parmi les remèdes à une telle situation, vous pouvez attendre l’hiver suivant pour “revenir” sur la coursonne la plus basse A et la tailler cette fois plus long, à 4 ou 5 yeux. Ce nouveau départ occasionne toutefois un retard d’un an. Il est préférable d’intervenir dès l’été pour tailler A et B “en vert” au-dessous de leur feuille inférieure, en gardant C intact comme “tire-sève”. Les yeux stipulaires qui encadraient l’œil à bois initial se développent alors, donnant généralement, dans le cours de la saison, des dards justiciables d’une taille à 3 ou 4 yeux l’hiver suivant.

Cas de taille particuliers

Rameau gourmand : Coupez-le à sa base, sur son empattement, de façon à provoquer à cet endroit le développement d’yeux stipulaires, fournissant des pousses moins vigoureuses et arquez celles-ci pour les affaiblir afin de les faire mettre à fruit.

Brindille : Cette ramification grêle se couronne souvent d’elle-même d’un bouton à fleurs à son extrémité. Ne la taillez pas si elle mesure moins de 15 cm de longueur. Dans le cas contraire, taillez-la à 3 yeux ou arquez-la.

Bourse : Les dards ou les courtes brindilles qu’elle porte évoluent rapidement à fruit. Rafraîchissez simplement son extrémité par une coupe nette au sécateur. Des fructifications successives amènent la formation de “chapelets” de bourses. N’en laissez, au plus, que deux par groupe car, au-delà, les fruits seraient mal nourris.

Lambourde : Ce bouton à fleurs porté par un pédoncule plus ou moins long ne nécessite pas de taille. Toutefois, ses possibilités de remplacement sont limitées. Profitez de tout rameau naissant à proximité, pour qu’il se substitue à elle si elle s’atrophie.

Coursonnes en général : Simplifiez-les au maximum en supprimant toute bifurcation inutile. Sur les vieux arbres où elles sont allongées à l’excès, rajeunissez-les en les rabattant au niveau des rides qui existent sur l’écorce de leur base. Les yeux latents nombreux à cet endroit, fourniront de nouvelles pousses pour les remplacer.

Pincements

Le pincement consiste à supprimer l’extrémité herbacée des jeunes rameaux, pour refouler la sève au bénéfice des yeux de la base, afin d’accélérer leur évolution.

Effectuez-le lorsque les pousses atteignent une vingtaine de centimètres de long. Pincez les plus fortes au-dessus de 4 feuilles normalement étagées et pourvues d’un œil à l’aisselle. de leur pétiole (ne comptez pas celles qui sont disposées en rosette à la base). Laissez 5 ou 6 feuilles aux rameaux moins vigoureux et conservez intacts les plus faibles. Au besoin, pincez à nouveau, à 2 feuilles, les rameaux anticipés qui se développent après cette opération.

Opérations diverses

Pour obtenir de beaux fruits, pratiquez l’éclaircissage au moins de juin en ne laissant à chaque bouquet qu’une ou, au maximum, deux poires. Gardez toujours les fruits extérieurs de l’inflorescence.

Cueillette et conservation

Cueillez-les poires d’été précoces avant leur complète maturité, car elles ont tendance à blettir lorsque survient cette dernière. Attendez, par contre, la première quinzaine d’octobre pour récolter les variétés d’hiver qui achèveront de mûrir au fruitier.

Variétés

Beurré Clairgeau (maturité octobre-novembre)

Fruit : Gros ou très gros, forme irrégulière, jaune ponctué de gris et de vers, vermillon à l’insolation. Chair juteuse, sucrée, de qualité variable suivant sol et climat. Fruit d’apparat.

Arbre : Vigueur faible mais productivité énorme. Greffez sur franc en sol peu fertile. Taillez court. Résistant à la tavelure, et aux gelées tardives. Préfère les expositions Est et Ouest en espalier.

Beurré Giffard (maturité juillet)

Fruit : Moyen, vert virant au jaune, rosé à l’insolation. Intéressant par sa précocité, mais tendance à blettir (cueillir avant maturité). Bonne qualité.

Arbre : Assez vigoureux, fertile, à port divergent. Sensible aux gelées printanières et à la Tavelure. Pour formes moyennes sur cognassier.

Beurré Hardy (maturité octobre)

Fruit : Moyen ou assez gros, épiderme rude, jaune verdâtre lavé de fauve bronzé. Chair fondante et d’excellent qualité.

Arbre : Très vigoureux, à port dressé. Assez long à mettre à fruits, mais très fertile ensuite. Préfère les sols légers et frais. Résistant à la Tavelure.

Bon Chrétien Williams (maturité août-septembre)

Fruit : Assez gros, jaune doré pointillé de roux. Chair fine, fondante, juteuse, à saveur musquée. Il existe une mutation rouge (Max Red Bartlett).

Arbre : Vigoureux et fertile. Meilleure affinité avec le franc qu’avec le cognassier, surtout en terrain sec. Une des variétés les plus cultivées. Formes moyennes.

Conférence (maturité fin octobre)

Fruit : Moyen ou assez gros, très allongé, jaune paille avec quelques plages verdâtres, plaqué de fauve orangé au soleil. Chair fine, juteuse, sucrée, un peu acidulée.

Arbre : Vigueur moyenne, mais grande fertilité. Réussit le mieux dans la moitié Nord de la France, en sols riches et frais. Formes de développement limitées sur cognassier.

Comtesse de Paris (maturité décembre-janvier)

Fruit : Moyen, jaune verdâtre piqueté de roux. Chair demi-fine, fondante, très sucrée, à saveur relevée, de bonne qualité. Bonne conservation au fruitier.

Arbre : Assez vigoureux et très fertile. A l’âge adulte, taille court et éclaircissez pour éviter l’épuisement. Petites formes sur cognassier.

Dr. Jules Guyot (maturité juillet-août)

Fruit : Moyen à gros, jaune citron et vert, souvent teinté de rose. Chair fine, juteuse, assez sucrée, de bonne qualité.

Arbre : Assez vigoureux et productif.

Doyenne du Comice (maturité octobre-novembre)

Fruit : Gros à très gros, jaune clair granité de roux, vermillon à l’insolation. Considérée comme la reine des poires pour sa qualité supérieure. Ne doit manquer dans aucun verger.

Arbre : Extrêmement vigoureux et difficile à mettre à fruit. Taillez long, en forme suffisamment ample. Plantez de préférence en espalier bien exposé.

Général Leclerc (maturité octobre-novembre)

Fruit : Gros, trapu, roux bronzé. Chair juteuse, parfumée, très agréable.

Arbre : Vigoureux et très productif. Mise à fruit rapide.

Jeanne d’Arc (maturité novembre-décembre)

Fruit : Gros, vert clair pointillé de roux. Chair fondante, juteuse, sucrée et parfumée, de bonne qualité.

Arbre : Assez vigoureux, bonne productivité.

Louise Bonne d’Avranches (maturité septembre-octobre)

Fruit : Moyen ou assez gros, vert clair brillant virant au jaune, lavé de carmin à l’insolation. Chair très juteuse, sucrée, parfumée, mais sujette à blettir en fin de maturité.

Arbre : Vigueur moyenne, mais grande fertilité. Greffez sur franc en terrain peu fertile. Assez sensible à la Tavelure.

Packham’s Triumph (maturité octobre-novembre)

Fruit : Assez gros, un peu bosselé, vert clair à jaune. Chair fine, fondante, juteuse, sucrée, parfumée d’excellente qualité. Très bonne conservation.

Arbre : Vigueur moyenne, très productif.

Williams rouge (maturité août-septembre)

Fruit : Assez gros, régulier. Rouge veiné de jaune, de meilleure qualité gustative que Williams. La chair est également très fine, fondante, parfumée et musquée.

Arbre : Vigoureux et fertile. Meilleur affinité avec le franc qu’avec le cognassier, surtout en terrain sec.

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